🧧 Égoïste ! Égoïste !

De temps à autres, le calendrier des sorties asiatiques se clairsème et laisse le champ libre à un film qui doit représenter à lui seul tout un continent dans nos salles obscures, l'espace d'une semaine. Cette fois-ci, ce sont les larges épaules de Ryohei Suzuki qui endossent cette lourde responsabilité dans Egoist de Daishi Matsunaga. Outre cette nouveauté queer qui mérite toute votre attention, la saison des festivals continue de battre son plein et de nombreuses annonces viennent bousculer l'actualité. Entrons donc sans plus attendre dans le vif du sujet !

🗓️ PLANNING CLAIR POUR SALLES OBSCURES

Votre rubrique dédiée aux sorties de la semaine (la semaine qui arrive, mercredi qui vient là, ce mercredi, dans un cinéma près de chez vous !)

Muscle ton jeu, Ryohei - Avec Egoist, Daishi Matsunaga filme complaisamment les épaules carrées et les ébats cachés de Ryohei Suzuki dans cette belle romance gay qui brasse beaucoup de thèmes avec justesse, du deuil au code switching, en passant par les écarts de richesse. Ryohei Suzuki signe une performance d'acteur exceptionnelle, qui m'avait particulièrement marquée lors des dernières saisons Hanabi. Ce sera dommage de le rater.

🏆 L'APPLAUDIMÈTRE

Toute l'actu des festivals de cinéma, petits et grands, avec un minutage extrêmement précis des standing ovations (non)

Corée publique - On ne connait toujours pas la programmation du Festival du Film Coréen à Paris (FFCP) mais on sait toutefois que cette vingtième édition, qui aura lieu fin octobre début novembre, permettra de se replonger dans huit films qui ont obtenu le prix du public les années précédentes, dont l'excellent Peafowl, que je ne saurais que trop vous recommander. Voici la liste complète des huit œuvres en question :

• The Truth Beneath de Lee Kyoung-mi
• Vanishing Time : A Boy Returned d'Um Tae-hwa
• 1987 : When the Day Comes de Jang Joon-hwan
• MAL·MO·E : The Secret Mission d'Eom Yu-na
• A Distant Place de Park Kun-young
• Miracle : Letters to the President de Lee Jang-hoon
• Peafowl de Byun Sung-bin
• Citizen of a Kind de Park Young-ju

Une femme de Tokyo - On connait désormais la programmation du festival de Tokyo, qui ouvrira ses portes le 28 octobre prochain. Parmi cette kyrielle de grands noms du cinéma d'Asie, on peut citer le cinéaste cambodgien Rithy Panh, l'actrice chinoise Zhang Ziyi (qui revient dans une version sensiblement remontée du film She Has No Name de Peter Chan) mais aussi et surtout Fan Bingbing. Elle semble enfin arriver au terme de sa longue traversée du désert suite à sa fraude fiscale, à la faveur de Mother Bhumi, un film réalisé par le cinéaste malaisien Chong Keat-aun. Ce festival est aussi un haut-lieu de l'animation japonaise, et la sélection de cette année a l'air particulièrement musclée, à commencer par une jolie restauration du célèbre Angel's Egg de Mamoru Oshii. Bon, le problème, c'est que c'est à Tokyo.

Il va falloir miser sur le bon cheval - On connait également la sélection du Golden Horse Film Festival de Taipei. Cinq films se disputeront la récompense suprême cette année : Mother Bhumi, dont je vous parlais juste au-dessus, Queerpanorama, dans les salles françaises le 26 novembre, A Foggy Tale avec Caitlin Fang, The Waves Will Carry Us et Left-Handed Girl, actuellement au cinéma. La cérémonie de clôture du festival aura lieu le 22 novembre prochain et sera diffusée en direct sur YouTube comme chaque année.

Putain, vingt ans - Retour en France : le festival Kinotayo célèbre lui aussi ses vingt ans. Une fois de plus, ce sera la Maison de la Culture du Japon à Paris qui accueillera l'événement du 11 novembre au 13 décembre. Si la programmation ne sera dévoilée que le mois prochain, quelques détails ont déjà été communiqués, à commencer par une prolongation du partenariat avec le Reflet Médicis pour que le festival se poursuive tout au long de l'année avec des séances spéciales. Notez par ailleurs que des projections supplémentaire seront organisées dans une quinzaine de villes et qu'une partie de la programmation sera liée à la future exposition manga du Musée Guimet. Pour mémoire : le festival Kinotayo a lieu chaque année à Paris et est consacré au cinéma japonais contemporain.

🙇‍♀️ PIÉTÉ FILIALE

C'est la rubrique consacrée aux rétrospectives, aux cycles thématiques et aux classiques en tous genres : le cinéma de patrimoine, si vous préférez.

Film alimentaire - À l'époque où Netflix faisait la cour aux cinéastes pour ajouter quelques films à son offre pléthorique de téléréalité, Bong Joon-ho a cédé aux sirènes de la SVOD pour produire Okja, un petit film avec un gros cochon. Si ce n'est sans doute pas la plus belle offrande de son auteur, Okja remplit au moins sa mission première : vous donner envie de devenir végan. Face à l'agro-industrie, le réalisateur sud-coréen joue la carte de l'empathie pour l'animal et s'entoure d'un casting international cinq étoiles : Paul Dano, Tilda Swinton, Byun Hee-bong, et j'en passe. Si je vous en parle, c'est parce que vous pourrez découvrir le film sur grand écran le samedi 11 octobre à 20h00, dans le cadre du cycle Résiste ! du Forum des Images.

📺 WE HAVE FILM AT HOME

C'est ici que vous retrouverez l'actualité des sorties sur les plateformes de VOD et SVOD mais aussi les éditions physiques de vos films préférés, parce que tout le monde ne peut pas aller au cinéma !

Fenêtre sur Singapour - Timide édition DVD pour Stranger Eyes du réalisateur singapourien Yeo Siew-hua : sorti en catimini au début de l'été, il n'est parvenu à attirer qu'un peu moins de cinq mille spectateur·ices dans les salles françaises. Ce thriller paranoïaque met en scène un couple à la recherche d'une fillette disparue dans une métropole où d'innombrables caméras de sécurité révèlent bien des secrets sur les habitant·es.

The Jokers réveillent le bon goût - Si vous avez fait l'impasse sur l'énorme coffret des Sept Samouraïs d'Akira Kurosawa, paru l'an dernier chez The Jokers, alors j'ai une bonne nouvelle pour vous : le revoici dans une édition dépouillée de ses nombreux suppléments. Cette frugalité se traduit par une conséquente baisse de prix : vingt cinq euros au lieu de soixante dix. Toujours chez The Jokers, trois autres films japonais reviennent également en Blu-ray à petit prix cette semaine :

• Kairo de Kiyoshi Kurosawa
• Cure de Kiyoshi Kurosawa
• The Grudge : Ju-on de Takashi Shimizu

🌏 À L'EST, QUOI DE NOUVEAU ?

Des annonces de sorties lointaines, très lointaines... Mais on espère qu'elles se rapprochent rapidement !

Filme moi un mouton - Hirokazu Kore-eda (L'Innocence, Nobody Knows) a commencé le travail sur son prochain film : Sheep in the Box. S'il s'agit d'une histoire originale écrite par le cinéaste en personne, le synopsis rappelle quand même étonnamment A.I. de Steven Spielberg : dans un futur proche, un couple adopte un androïde plutôt qu'un vrai petit garçon. Pour incarner les époux en question, le réalisateur a recruté Ayase Haruka (Notre petite sœur) et Daigo Yamamoto (Chidori). Rendez-vous est pris pour 2026.

🍜 NEWS SAUTÉES

C'est dans cette rubrique que je regroupe les actualités qui ne rentrent pas dans les autres cases et en plus ça me permet de faire un jeu de mots rigolo.

많이, 많이, money - Je ne vous apprends rien si je vous dis que la culture sud-coréenne s'exporte. En l'espace d'une trentaine d'années, ce petit pays d'Asie de l'Est est devenu un titan du soft power grâce à sa cuisine, sa musique, son cinéma, ses webtoons et ses programmes télévisés. Comme nous vivons dans un monde où le capital est roi, l'art est devenu une commodité, et le soft power rime avec moula. Tout ça pour dire que le ministère de la culture sud-coréen brasse beaucoup d'argent et qu'il espère en collecter encore plus dans les années à venir. C'est dans ce but qu'il a formé un nouveau comité constitué d'expert·es du privé censé donner l'impulsion d'une nouvelle vague de hallyu. Parmi ces gens tous·tes plus riches les un·es que les autres : des président·es de maisons de disques (HYBE, YG, SM), de géants du jeu vidéo (Nexon, Krafton) mais aussi de studios de cinéma comme CJ. Tout ce petit monde sera donc en charge de décider de l'avenir du divertissement sud-coréen, sous la houlette du très influent et très religieux président du label JYP, Park Jin-young. Autant dire qu'on n'a pas fini de manger coréen mais que la sauce qui garnira notre assiette sera semble-t-il tout sauf progressiste.

Merci d'avoir lu 🧧 HONGBAO et à la semaine prochaine pour de nouvelles aventures !