🧧 En route pour l'Oscar

C'est l'heure du retour de Jafar Panahi : sa Palme d'or, Un simple accident, débarque cette semaine au cinéma.

🧧 En route pour l'Oscar

La France tient son champion : Un simple accident de Jafar Panahi représentera l'Hexagone aux Oscars. Dans la plus pure tradition du cinéma contestataire venu d'Iran, le film trace les contours d'une population traumatisée par les arrestations arbitraires, la répression policière et le fanatisme religieux. Mais le véritable tour de force de son réalisateur, c'est de ne pas avoir sacrifié la drôlerie du cinéma populaire sur l'autel de l'engagement politique. À l'image du Leila et ses frères de Saeed Roustaee, Un simple accident divertit autant qu'il témoigne de l'engagement de son créateur. Voilà que la France se rêve en terre d'accueil d'un cinéma censuré aux quatre coins du monde ; cette même France qui poursuit sa lente dérive vers l'autoritarisme et dont le gouvernement tente de museler les artistes. Si l'on peut tout à fait saluer la démarche de la commission présidée par Charles Tesson, on ne saurait ignorer l'hypocrisie de nos dirigeants qui rêvent de libertés individuelles à l'étranger pour mieux les piétiner sur le sol français. Un simple accident sort cette semaine au cinéma et je vous encourage vivement à le découvrir en salle.


🗓️ PLANNING CLAIR POUR SALLES OBSCURES

Votre rubrique dédiée aux sorties de la semaine (la semaine qui arrive, mercredi qui vient là, ce mercredi, dans un cinéma près de chez vous !)

J'suis au courant des trous dans le désert évidemment - Difficile de passer à côté de la sortie au cinéma de la Palme d'or, d'autant plus quand elle est méritée. Un simple accident de Jafar Panahi débuterait presque comme une comédie noire des frères Coen. Un homme pense reconnaître son ancien tortionnaire, l'assomme et envisage de l'enterrer vivant pour se venger. Soudain pris de sérieux doutes quant à l'identité de celui qu'il est en train d'assassiner, il entre en contact avec d'autres personnes victimes du même bourreau pour s'en assurer. Tout ce beau monde se retrouve à bord d'un van, avec le supposé tortionnaire ligoté dans un coffre. Débute alors un long débat sur la vindicte populaire dont la conclusion glaçante n'est pourtant pas dénuée d'un certain espoir en l'avenir : du grand cinéma aux dialogues savoureux, aussi drôles qu'intelligents.

Et l’œil dans le ciel nous surveille tous - Auréolé du succès (critique) d'Opus, le cinéaste nippo-américain Neo Sora revient cette semaine avec Happyend. Dans un futur pas si lointain dont la dystopie rappelle tristement notre morne quotidien, le Japon est au bord du gouffre. Littéralement : le pays se prépare à un séisme à la magnitude sans précédent. C'est dans ce cadre que deux lycéens naviguent dans les eaux troubles des relations interpersonnelles au cœur d'un bahut qui ressemble à s'y méprendre à une prison de haute sécurité. Surveillance de masse et éco-anxiété : un cocktail parfait pour votre prochaine toile.


🏆 L'APPLAUDIMÈTRE

Toute l'actu des festivals de cinéma, petits et grands, avec un minutage extrêmement précis des standing ovations (non)

Moi tu m'parles pas d'âge - C'est un rendez-vous attendu des cinéphiles sinophiles : l'édition 2025 de Coming of Age débute cette semaine à Lyon et la semaine prochaine à Paris. Cet événement organisé par Allers-Retours fait la promotion de courts métrages réalisés par de jeunes auteur·ices sinophones. Il est possible de réserver vos billets dès à présent mais vous pouvez également tenter votre chance sur place avec votre carte illimitée une heure avant la séance. Et si vous voulez en savoir plus, vous pouvez consulter la programmation sur le site de l'événement et retrouver tous ces courts métrages directement sur Letterbox.


📺 WE HAVE FILM AT HOME

C'est ici que vous retrouverez l'actualité des sorties sur les plateformes de VOD et SVOD mais aussi les éditions physiques de vos films préférés, parce que tout le monde ne peut pas aller au cinéma !

Arrow sur le Blu-ray - Excellente nouvelle pour les déçu·es de l'édition Shout! de City on Fire de Ringo Lam : le distributeur britannique Arrow vient d'annoncer sa propre version pour 15 euros de moins. Elle sera disponible le 1er décembre avec des sous-titres anglais revus et corrigés par l'éminent Dylan Cheung, qui signe par ailleurs un nouveau texte dans le livret. Et comme les bonnes nouvelles n'arrivent jamais seules, Arrow dévoile également la sublime illustration qui accompagnera cette édition. Elle est signée Tony Stella, un artiste que les cinéphiles parmi vous connaissent sans doute. Espérons que Metropolitan s'inspire de nos camarades anglais·es pour sa propre édition l'an prochain.


🍜 NEWS SAUTÉES

C'est dans cette rubrique que je regroupe les actualités qui ne rentrent pas dans les autres cases et en plus ça me permet de faire un jeu de mots rigolo.

On nage en plein Delhi - Le torchon brûle entre les sociétés de production indiennes et leurs distributeurs internationaux. Dans une lettre ouverte adressée aux producteurs du sous-continent, le distributeur britannique 4Seasons Creations déplore des retards de livraison des films qui conduisent à des réclamations des spectateur·ices mais aussi à des annulations d'avant-premières. Ce sentiment est manifestement partagé par d'autres acteurs du milieu comme les néerlandais de Linus Media qui parlent de chaos de dernière minute et ou encore les français de Friday Entertainement qui ont relayé le tweet à leurs abonné·es. Ces déclarations interviennent dans un contexte compliqué pour le cinéma indien en France* : les sommes astronomiques demandées par les producteurs génèrent de gros risques pour les distributeurs, les exploitants programment peu de séances, les sous-titres sont trop souvent catastrophiques et la communication est à l'avenant. Pendant ce temps, en Inde, une partie de l'industrie peine à se vendre à bon prix sur le marché mondial à l'inverse des productions japonaises et sud-coréennes. On se souvient de la sortie compliquée de RRR en France, toujours prévue pour l'an prochain chez Carlotta Films, alors espérons que la situation évolue favorablement.

*Tout ceci explique en partie pourquoi votre humble servante a parfois du mal à suivre l'actualité du cinéma indien et empêche cette infolettre d'être parfaitement exhaustive. Toutes mes excuses pour les oublis passés, présents et futurs.

Vers l'infini et au-delà - C'est officiel : le nouveau film Demon Slayer est désormais le plus gros succès mondial jamais enregistré en matière de cinéma d'animation. Et comme l'argent appelle l'argent, c'est aussi le plus gros succès de tous les temps pour le cinéma japonais. Le film a déjà récolté plus d'un demi milliard de dollars au box-office mondial. Même si ces résultats ne prennent pas en compte l'inflation, ils n'en demeurent pas moins extrêmement impressionnants. Deux suites sont d'ores et déjà attendues pour compléter la trilogie de la Forteresse Infinie : les aventures de Tanjiro et ses ami·es n'ont jamais été aussi rentables.


📰 L'EXPRESS DE CHUNGKING

Vous êtes arrivé·e à la fin de la newsletter : bravo ! Je profite de cet ultime espace de parole pour vous conseiller un livre, une vidéo ou un article que j'ai trouvé intéressant·e cette semaine.

Monte dans l'Otomo, Shinji - Otomo, le magazine de Rockyvision consacré à la culture japonaise, se penche sur Neon Genesis Evangelion à l'occasion des trente ans de la série d'animation de Hideaki Anno. Au programme, quatre gros articles : un par Pierre-William Fregonese, les trois autres par Virginie Nebbia, l'autrice du livre La Saga Evangelion - L’Œuvre d'une vie chez Third Editions.


Je termine cette courte édition sur une note nettement moins réjouissante que l'actualité du cinéma. Vous en avez sans doute déjà entendu parler : le typhon Ragasa continue de dévaster l'Asie du Sud-Est au moment où j'écris ces lignes. Il me semblait important de consacrer quelques lignes aux familles des victimes mais aussi de rappeler les conséquences désastreuses du dérèglement climatique. On dénombre déjà plusieurs décès, qui auraient pu être évités si l'écologie était encore un sujet de préoccupation pour nos gouvernements. Vous qui aimez le cinéma de ces pays, toujours en première ligne des catastrophes naturelles engendrées par nos outrances, gardez en tête leurs habitant·es fauché·es par notre aveuglement. À la semaine prochaine.

Courage aux grévistes pour jeudi !