🧧 Hong dans le flou

Cette semaine, le très prolifique Hong Sang-soo est de retour dans nos salles. Plissons les yeux tous·tes ensemble.

🧧 Hong dans le flou

C'est rigolo parce que j'ai trouvé ce titre avant de prendre pleinement conscience du caractère pour le moins incertain de mon avenir professionnel. Je nage dans un océan de doute et la perspective de devoir bientôt quitter mon emploi après douze ans de bons et loyaux services me terrifie à un point que vous n'imaginez sans doute pas. Ceci étant dit, l'actualité du cinéma d'Asie ne connait pas de repos et il aurait été dommage de vous priver de votre infolettre préférée. Aussi ai-je décidé, plutôt que mettre en pause cette aventure qui vient tout juste de commencer, de réduire quelque peu la voilure, le temps que je dispose de nouveau suffisamment... eh bien, de temps. Je suis pour ainsi dire dans le flou le plus total, un peu comme les personnages du nouveau film de Hong Sang-soo. Iels le sont littéralement, car le très prolifique cinéaste semble avoir définitivement renoncé à faire le point sur ses images, comme pour mieux illustrer sa propre perception du monde, qui se dégrade au fil des ans à mesure que son acuité visuelle diminue. Pour autant, ses personnages partagent tous·tes un amour inconsidéré des plaisirs simples de la vie, du jardinage au débat nocturne entre ami·es en passant par la poésie. C'est peut-être ça, le secret pour vaincre l'anxiété : se laisser porter par les vagues de l'incertitude et prendre le temps d'en apprécier l'écume.

Je serai brève.


🗓️ PLANNING CLAIR POUR SALLES OBSCURES

Votre rubrique dédiée aux sorties de la semaine (la semaine qui arrive, mercredi qui vient là, ce mercredi, dans un cinéma près de chez vous !)

Mon beau vert et moi - Hong Sang-soo est de retour avec un nouveau film au titre à rallonge : Ce que cette nature te dit. Un jeune poète rencontre la famille de sa maîtresse et tombe en admiration devant le jardin de son père, entre dialogues imbibés et libations verbeuses. Si vous ne connaissez pas l’œuvre du cinéaste, dites vous que c'est une petite respiration poétique dans votre semaine. Plus on voit les films de Hong Sang-soo, plus on les aime : un cinéma enivrant.

Baroud Bhakti - Je vous en parlais il y a quelques semaines : Carlotta Films va distribuer les films de S. S. Rajamouli en France. Cette semaine, c'est Baahubali qui débarque dans une version inédite de près de quatre heures. Si vous êtes en manque de fresque épique où s'entremêlent suprémacisme hindou, combats dantesques et légendes des temps anciens, c'est le moment de vous faire une toile.


🏆 L'APPLAUDIMÈTRE

Toute l'actu des festivals de cinéma, petits et grands, avec un minutage extrêmement précis des standing ovations (non)

🎵 Aux Champs-Élysées... - Nous y sommes : le Festival du Film Coréen à Paris (FFCP) s'ouvre ce mardi soir. Contrairement aux années précédentes, je ne me fendrai pas de tweets aussi concis que rigolos suite aux projections. En effet, j'ai prévu d'écrire des articles un peu plus fouillés. J'entame ma carrière de critique cinéma bénévole et j'ai hâte de vous partager mes premiers textes !

Scarlett O'soda - Ami·es nantais·es, les Utopiales débutent ce jeudi. Si les films programmés lors de cette édition 2025 sont trop nombreux pour être tous cités dans ce court paragraphe, j'attire toutefois votre attention sur une séance spéciale de Scarlet et l'éternité, le nouveau film de Mamoru Hosoda. Prévu pour le mois de novembre au Japon, le film a été repoussé au mois de mars 2026 en France. C'est l'occasion de damer le pion des parisien·nes et d'enfin voir un film avant elleux.

Onnagatah l'époque - En parlant des parisien·nes : iels auront aussi droit à une séance de Scarlet et l'éternité dans un mois, mais ce n'est pas le plus important. En effet, l'équipe du festival Kinotayo a annoncé que quatre films seront programmés hors compétition en avant-première lors de cette dix-neuvième édition. Parmi eux figure l'excellente fresque historique de Lee Sang-il : Le Maître du Kabuki. On suit un fils de yakuza recueilli par un maître de théâtre traditionnel. Pendant cinquante ans, il va entretenir une rivalité avec son frère adoptif : l'un est consumé par son art, l'autre écrasé par le poids d'un héritage qu'il ne peut assumer seul. C'est un chef-d'œuvre sublime d'ores et déjà sérieux candidat au titre de film de l'année, digne héritier du non moins génial Adieu ma concubine de Chen Kaige. Je profite d'ailleurs de l'occasion pour vous partager à nouveau mon papier sur l'immense Leslie Cheung, publié en mai dernier.

Zhang Ziyi en zonzon - Rassurez-vous, c'est pour de faux. Je profite juste de l'ouverture du festival de Tokyo pour vous rappeler l'existence du dernier film en date de Peter Chan : She's got no name. Zhang Ziyi interprète une femme accusée d'avoir tué puis démembré son mari pendant l'occupation japonaise de Shanghai dans les années 1940. Basée, si vous voulez mon avis.


🔮 VISION DE L'AVENIR

Je vois... une avant-première dans une salle de cinéma près de chez vous...

Les bi gagnent - Entre Shu Qi et Jackson Yee, votre cœur balance. À l'heure où j'écris ces lignes, la billetterie pour les avant-premières du Resurrection de Bi Gan sont toujours ouvertes. J'imagine que d'ici à ce que vous me lisiez, elles seront bien évidemment victimes de leur succès, mais dans le doute : c'est le jeudi 30 octobre à 19h30 à l'UGC des Halles et à 20h30 au mk2 Bibliothèque. Je sais, c'est encore et toujours à Paris mais je ne fais pas les règles, camarades. Notez que le réalisateur devrait être présent aux deux séances. Moi, je serai au FFCP.


On m'a dit récemment que je ne vous devais rien parce que vous ne payez pas pour avoir le privilège de lire mes bêtises. Quelque part, c'est vrai, et en même je tiens à respecter mes engagements. Je suis honorée que vous comptiez sur moi pour vous informer sur le cinéma d'Asie et ça me fait plaisir que vous soyez chaque semaine un peu plus nombreux·ses à me lire. Je me voyais mal vous faire faux bond, et puis c'est bien la première fois que je me lance dans un projet que je n'abandonne pas après quelques semaines. Alors, même si la dépression guette et que le chômage n'est jamais bien loin, l'écriture de ces jeux de mots ridicules donne un peu de sens à ma vie. C'est thérapeutique et c'est gratuit pour moi aussi, alors on va continuer comme ça tant que voguera ma barque. À dimanche prochain, avec une surprise !