🧧 Tigre & Charbon

Cette semaine : la Chine s'invite dans nos salles de cinéma, le Japon remonte le temps et le Pakistan prend l'air à la Villette.

🧧 Tigre & Charbon

Dahai exhume son vieux fusil, Mingliang hurle dans son micro, Jangjung fait ses adieux à une Tao en larmes : les personnages de Jia Zhang-ke enragent, tempêtent ou se résignent face aux mutations d'une Chine qui change, parfois trop lentement, parfois trop vite. Tous·tes ou presque seront à l'honneur pendant trois semaines au Saint-André des Arts à l'occasion d'une rétrospective consacrée au cinéaste.


🗓️ PLANNING CLAIR POUR SALLES OBSCURES

Votre rubrique dédiée aux sorties de la semaine (la semaine qui arrive, mercredi qui vient là, ce mercredi, dans un cinéma près de chez vous !)

🤣 Ils ne sont pas sortis de l'auberge - Après une petite tournée des festivals et moult changements d'affiche, En Boucle de Junta Yamaguchi débarque enfin au cinéma en France. Dans cette comédie, les employé·es et les client·es d'une petite auberge de montagne se retrouvent soudain piégé·es dans une boucle temporelle et doivent œuvrer collectivement pour échapper au phénomène qui se répète toutes les deux minutes. C'est un excellent film qui propose une utilisation intelligente du plan-séquence et dure moins d'une heure et demi : autant dire qu'il est impératif de le caser dans votre agenda.

Enfant unique - En voilà un autre qui se sera fait attendre depuis sa première au festival de Sundance en janvier 2024 : Brief History of a Family de Lin Jianjie. Wei est le fils unique d'une famille chinoise aisée. Au fil du temps, il se rapproche d'un mystérieux camarade de classe qui va peu à peu bouleverser son équilibre familial. Si l'ombre du Parasite de Bong Joon-ho semble planer sur le film, les retombées de la politique de l'enfant unique de Deng Xiaoping ajoutent une spécificité chinoise à ce thriller psychologique teinté de réflexions sur le noyau familial.

Deva's Paradise - C'est l'un des films indiens les plus attendus de l'été : Coolie de Lokesh Kanagaraj s'apprête à investir les salles du monde entier le jeudi 14 août. En France, c'est évidemment Friday Entertainment qui s'occupe de la distribution et a d'ores et déjà annoncé une séance quotidienne à 20h15 au Grand Rex. Même si l'intrigue reste pour le moment relativement cryptique, elle semble impliquer une histoire de vengeance doublée d'une lutte contre un syndicat corrompu au sein d'une ville portuaire. Ce qui est toutefois certain, c'est que la bande annonce laisse présager son pesant de scènes d'action typiques du cinéma de Hyderabad. À plus de 70 ans, Rajinikanth rempile dans le rôle principal tandis que le compositeur Anirudh Ravichander signe sa quatrième collaboration avec le cinéaste.


🏆 L'APPLAUDIMÈTRE

Toute l'actu des festivals de cinéma, petits et grands, avec un minutage extrêmement précis des standing ovations (non)

Le Retour de Jafar - Après Venise et Busan, il sera plus que temps de se rendre au Lincoln Center de New York pour l'édition 2025 du NYFF, qui débutera le 26 septembre et dont la programmation vient d'être annoncée. Même si c'est un peu le parent pauvre de la saison des festivals, ce sera l'occasion de retrouver certains films qui auront marqué les publics cannois, berlinois et vénitiens. Parmi les films asiatiques de la sélection, les festivaliers pourront découvrir Un simple accident de Jafar Panahi (Palme d'Or 2025), le fameux Résurrection de Bi Gan dont la date de sortie française a été renvoyée aux calendes grecques, mais aussi le prochain film de Hong Sang-soo, Ce que cette nature te dit. Bien entendu, Aucun Autre Choix de Park Chan-wook sera lui aussi de la partie même s'il ne fera pas l'ouverture comme au BIFF.


🙇‍♀️ PIÉTÉ FILIALE

C'est la rubrique consacrée aux rétrospectives, aux cycles thématiques et aux classiques en tous genres : le cinéma de patrimoine, si vous préférez.

De Fenyang à Paris - Jia Zhang-ke est sans conteste l'un des cinéastes les plus talentueux de sa génération. Depuis près de trente ans, il chronique les mutations d'une Chine aux multiples visages et louvoie tant bien que mal entre les fourches caudines des censeurs. Plutôt bien distribués en France, la plupart de ses films ne demeurent cependant accessibles qu'en DVD, dont la qualité d'image est loin de rendre justice au talent du cinéaste. Fort heureusement, ils sont parfois projetés en salle. Ce sera le cas au Saint-André des Arts dès mercredi et jusqu'au début du mois de septembre, car le cinéma parisien organise une rétrospective consacrée au réalisateur. Si quelques films sont aux abonnés absents, il sera toutefois possible d'en découvrir une bonne partie pendant près d'un mois. Voici le programme de la première semaine :

Si vous ne parvenez à caser qu'un seul de ces films dans votre planning, privilégiez Platform, dont je vous parlais il y a quelques mois avec enthousiasme.

🏳️‍⚧️ Trans & Transat - Après une année de pause à cause des Jeux Olympiques de Paris, le cinéma en plein air de La Villette fait son grand retour en 2025. Parmi les nombreux films programmés en soirée, les spectateur·ices auront la chance de découvrir l'excellent Joyland de Saim Sadiq, le mercredi 13 août à 21h00. Ce brûlot émancipateur critique l'hétéropatriarcat qui plombe la société pakistanaise. C'est l'histoire de Haider et Mumtaz, un couple qui ne parvient pas à avoir d'enfant. Un jour, Haider trouve du travail comme danseur dans un cabaret et s'éprend de Biba, une femme transgenre dont l'arrivée va bouleverser l'équilibre précaire du couple.

Saint-Michel Reis - C'est presque un non-événement tant cette filmographie est essorée par les salles obscures du Quartier Latin. Je m'en serais toutefois voulu de ne pas vous informer que l'Espace Saint-Michel s'apprête à accueillir une nouvelle rétrospective quasi complète des œuvres de Wong Kar-wai en collaboration avec le distributeur français The Jokers. Ce ne seront pas moins de neuf films qui seront donc très bientôt à l'affiche de cette salle parisienne :

C'est l'occasion de (re)redécouvrir ces classiques hongkongais en attendant les inévitables restaurations de My Blueberry Nights et de The Grandmaster. Si vous ne pouvez en voir qu'un seul, privilégiez plutôt In the mood for love qui est à la fois le plus accessible mais aussi l'un des meilleurs éléments de cette filmographie.


🌏 À L'EST, QUOI DE NOUVEAU ?

Des annonces de sorties lointaines, très lointaines... Mais on espère qu'elles se rapprochent rapidement !

On brûle d'impatience - Après Park Chan-wook et Na Hong-jin, c'est au tour de Lee Chang-dong de faire les gros titres : son prochain film, dont le titre provisoire est Possible Love, sera donc officiellement distribué par Netflix. Reste à savoir si le géant de la SVOD organisera quelques séances spéciales pour les amoureux·es des salle obscures ; rien n'est moins sûr mais l'espoir fait vivre. Ce sera le premier long métrage de Lee Chang-dong depuis Burning, sorti en 2018, et il mettra en scène deux couples aux styles de vie très différents. Comme on ne change pas une équipe qui gagne, le réalisateur retrouvera deux comédien·nes avec lesquel·les il a travaillé par le passé : Sol Kyung-gu (Oasis) et Jeon Do-yeon (Secret Sunshine). Et comme si ça ne suffisait, deux autres poids lourds de l'industrie sud-coréenne viendront compléter le casting : Jo In-sung (Smugglers) et Cho Yeo-jeong (Parasite). Si le début du tournage est prévu pour cet automne, aucune date de sortie n'a encore été annoncée. Vous avez donc amplement le temps de rattraper le reste de la filmographie du maître, à commencer par le sublime Poetry.

Go West - Alors qu'il continue de dominer le marché chinois et vient de dépasser les 200 millions de dollars de recettes, le blockbuster historique Dead To Rights de Shen Ao s'apprête à débarquer dans les salles américaines dès le vendredi 15 août. C'est Liu Haoran (Un Hiver à Yanji) qui incarne le héros du film, qui débute dans la ville de Nankin en 1937 alors que l'armée japonaise s'apprête à massacrer des milliers de civil·es chinois·es. S'il essaie tout d'abord simplement de survivre, il va ensuite tenter l'impossible pour sauver un maximum de monde et lever le voile sur les atrocités commises par les troupes de Hirohito. Aucun distributeur français ne s'est pour le moment porté acquéreur de Dead To Rights.


🧧 HONGBAO, c'est fini pour aujourd'hui ! Il fait beaucoup trop chaud : c'est l'occasion parfaite d'aller au cinéma. En chemin vers la fraîcheur toute relative de votre salle obscure favorite, n'hésitez pas à partager cette infolettre autour de vous. Essayons de prêcher la bonne parole cinéphile au-delà des réseaux sociaux ! Je vous souhaite une excellente fin de journée et du courage pour cette semaine.

À dimanche prochain !