🧧 Un boulevard pour Renoir

C'est l'unique sortie est-asiatique de la semaine : après Plan 75, la réalisatrice Chie Hayakawa s’intéresse au deuil dans Renoir.

🧧 Un boulevard pour Renoir

C'est l'unique fiction est-asiatique de la semaine : Renoir de Chie Hayakawa aura les coudées franches pour séduire les spectateur·ices adeptes de culture japonaise dès mercredi. Voilà qui devrait leur laisser le temps de rattraper l'avalanche de sorties estivales, à moins d'en profiter pour voir le documentaire I am the Future de Rachel Cisinski ; de quoi reprendre une petite dose d'espoir en l'avenir, à l'aube de possibles élections législatives dont l'issue serait inévitablement décevante.

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🗓️ PLANNING CLAIR POUR SALLES OBSCURES

Votre rubrique dédiée aux sorties de la semaine (la semaine qui arrive, mercredi qui vient là, ce mercredi, dans un cinéma près de chez vous !)

Portrait de la jeune fille en deuil - C'est peu de dire que la cinéaste japonaise Chie Hayakawa était attendue au tournant depuis son passage remarqué au festival de Cannes avec Plan 75. Son second long métrage, Renoir, débarque cette semaine au cinéma en France. Plus personnel mais guère moins austère que son illustre prédécesseur, le nouveau film de la réalisatrice décrit le quotidien d'une fillette qui s'apprête à faire le deuil de son père malade. Comme beaucoup de films japonais sur l'enfance, c'est une ode au désœuvrement, à la curiosité, et à l'imagination foisonnante d'une époque où Internet n'existait pas encore. Cela dit, Renoir est loin de se complaire dans une nostalgie sans borne pour les années 1980 et dresse un portrait réaliste de ce trauma infantile qui ne dit pas son nom. C'est aussi un film formellement très abouti qui vous parlera tout particulièrement si vous disposez d'une bonne mémoire visuelle.

Fragments d'espoir - Place aux femmes : le documentaire de la semaine est lui aussi réalisé par une cinéaste ! I am the future de Rachel Cisinski porte la voix de quatre jeunes venu·es de France, d'Indonésie, d'Inde et du Liban jusqu'à New York pour qu'iels témoignent de leur expérience de la pauvreté aux États-Unis. Au terme de huit mois de tournage dans cinq pays, la réalisatrice et son équipe ont voulu donner la parole à celleux que l'on écoute peu voire pas, alors qu'iels représentent pourtant le futur de l'humanité. C'est un film résolument militant, en partenariat avec le groupement d'associations Life Project 4 Youth Alliance qui accompagne les jeunes issu·es de l'extrême pauvreté dans le monde entier.


🏆 L'APPLAUDIMÈTRE

Toute l'actu des festivals de cinéma, petits et grands, avec un minutage extrêmement précis des standing ovations (non)

Et c'est qui le Lion d'Or maintenant ? - La Mostra de Venise a pris fin hier soir et le jury a enfin rendu son verdict : c'est Jim Jarmusch qui est reparti avec la plus belle des récompenses pour son Father Mother Sister Brother. Notez par ailleurs que l'actrice chinoise Xin Zhilei a remporté pour sa part la Coupe Volpi de la meilleure interprétation féminine pour son rôle dans The Sun Rises on Us All de Cai Shangjun. Enfin, The Voice of Hind Rajab de Kaouther Ben Hania a remporté le prestigieux Lion d'Argent. Ce docu-fiction suit une équipe du Croissant Rouge qui tente de sauver une petite fille d'une voiture en proie aux flammes dans l'enfer de Gaza.

Je vous propose de lire ces quelques mots de la réalisatrice : "La mère de Hind Rajab et moi sommes en contact depuis le tout début et rien de tout cela n'aurait été possible sans elle. Son consentement et son soutien ont été fondamentaux. Il n'y a rien de plus compliqué, de plus tragique, de plus atroce que de perdre un enfant. Actuellement, cette mère se trouve à Gaza, où elle vit dans des conditions précaires. J'espère qu'un jour, elle pourra à nouveau voyager librement. Je crois fermement que le cinéma est une question d'empathie pour les expériences humaines, pour la violence, pour la politique, sans céder à la déshumanisation."

Vous pouvez retrouver l'intégralité du palmarès du festival sur le site du magazine Trois Couleurs.

Na Président - Le Festival de Busan approche à grand pas ! Cette année, le BIFF inaugure une toute nouvelle catégorie composée de quatorze films asiatiques en compétition. Au programme, Left-Handed Girl de Shih-ching Tsou, Girl de Shu Qi, Resurrection de Bi Gan, Two Seasons, Two Strangers de Sho Miyake ainsi que dix autres longs métrages qui se partageront cinq Busan Awards : Meilleur film, Meilleure réalisation, Prix spécial du jury, Meilleur·e acteur·ice et Contribution artistique. Il incombera à un jury de sept personnes, présidé par le metteur en scène sud-coréen Na Hong-jin, d'attribuer ces différents prix. Le reste du jury sera composé de l'acteur hongkongais Tony Leung Ka-fai, de l'actrice indienne Nandita Das, de la réalisatrice iranienne Marziyeh Meshkiny, du réalisateur américain Kogonoda, de la productrice indonésienne Yulia Evina Bhara et enfin de l'actrice sud-coréenne Han Hyo-joo. Pour en savoir plus sur chaque membre du jury, je vous invite à consulter cet article (en anglais) d'Asian Movie Pulse.


🙇‍♀️ PIÉTÉ FILIALE

C'est la rubrique consacrée aux rétrospectives, aux cycles thématiques et aux classiques en tous genres : le cinéma de patrimoine, si vous préférez.

Pionnière des années folles - Si vous êtes de passage en Perfide Albion au mois de septembre, vous aurez peut-être la chance de profiter de la rétrospective du British Film Institute consacrée à l'actrice américaine Anna May Wong. Dès les années 1920, cette comédienne d'origine chinoise est devenue le visage de la communauté asiatique américaine au cinéma. En Europe comme aux États-Unis, ses rôles étaient trop souvent empreints de stéréotypes racistes et orientalistes, mais son talent d'actrice a suscité de nombreuses vocations parmi les jeunes filles d'origine chinoise qui voyaient enfin quelqu'un qui leur ressemblait sur grand écran. Au-delà des projections de films muets et parlants, la rétrospective sera également l'occasion d'assister à des conférences et des discussions autour de la comédienne entre l'historienne du cinéma Pamela Hutchinson, la programmatrice Xin Peng, l'autrice Katie Gee Salisbury et Anna Wong, la nièce d'Anna May Wong.


📺 WE HAVE FILM AT HOME

C'est ici que vous retrouverez l'actualité des sorties sur les plateformes de VOD et SVOD mais aussi les éditions physiques de vos films préférés, parce que tout le monde ne peut pas aller au cinéma !

Tah l'époque - Trois nouveaux films arrivent cette semaine en vidéo chez l'éditeur indépendant Badlands : tous japonais, tous réalisés par Yuzo Kawashima, tous avec Ayako Wakao. C'est l'occasion de découvrir Le Temple des oies sauvages, Les Femmes naissent deux fois et La Bête élégante, entre satire sociale, chronique d'un mal-être féminin et étude des tourments de la société japonaise des années 1960. Vous connaissez peut-être mieux Ayako Wakao pour ses rôles dans les films de Yasuzo Masumura dans lesquels elle tient souvent le premier rôle féminin, dont Tatouage dont je vous parlais la semaine dernière.

Pivoine rouge sang - C'est l'attraction nipponne de la seconde semaine de l'Étrange Festival, qui s'apprête d'ailleurs à débuter : la saga Lady Yakuza et ses huit films produits à la chaîne sur à peine cinq ans feront l'objet d'un joli coffret chez Carlotta dès le mois de novembre.

En voici la liste exhaustive, pour les complétistes acharné·es de la filmographie de Sumiko Fuji parmi vous :

Cent quarante mille - On mesure difficilement l'ampleur du meurtre de masse commandité par l'état-major du président Harry Truman le 6 août 1945. Alors que s'abat sur la ville de Hiroshima l'engin de mort le plus redoutable jamais utilisé par l'humanité, cent quarante mille âmes s'éteignent en l'espace d'un instant : autant d'innocent·es sacrifié·es sur l'autel de la pax americana, auxquelles s'ajouteront quelques jours plus tard les victimes de Nagasaki, et pendant plusieurs années les mort·es des cancers provoqués par la radioactivité. Pour ne jamais oublier ce jour funeste, Hideo Sekigawa a réalisé en 1953 un film déchirant sobrement intitulé Hiroshima. Il est désormais disponible en accès libre sur france.tv.


🔮 VISION DE L'AVENIR

Je vois... une avant-première dans une salle de cinéma près de chez vous...

La Semaine du goût - C'est parti pour la troisième édition d'Aime & Découvre, qui rassemble huit films en avant-première dans près d'une trentaine de salles UGC un peu partout en France. Dès mercredi 10 septembre, il sera possible de découvrir Left-Handed Girl de Shih-ching Tsou, Le Gâteau du président de Hasan Hadi, ou encore la très attendue Palme d'or 2025 : Un simple accident de Jafar Panahi. Pour découvrir la liste complète des films et des salles participantes, il suffit de cliquer ici.


🌏 À L'EST, QUOI DE NOUVEAU ?

Des annonces de sorties lointaines, très lointaines... Mais on espère qu'elles se rapprochent rapidement !

Clap de fin - Voilà qui devrait faire plaisir aux fans de Drive My Car et aux gens qui ont bon goût comme moi et lui préfèrent Contes du hasard et autres fantaisies. Ryusuke Hamaguchi vient d'achever le tournage de son prochain film, intitulé Soudain, dans lequel une directrice de théâtre japonaise (Tao Okamoto) se prend d'amitié pour une infirmière française (Virginie Efira). J'entends d'ici Thierry Frémaux se saisir de sa plus belle plume pour inviter tout ce beau monde à Cannes l'année prochaine. En attendant, l'excellent drame Le Mal n'existe pas est toujours disponible sur OCS.


🧧 HONGBAO, c'est fini pour aujourd'hui ! On se retrouve dimanche en huit pour faire le point. D'ici là, je vous souhaite d'excellentes séances de cinéma, mais aussi et surtout la santé, la richesse, le retour de l'être aimé, ou plus simplement le bonheur !

xoxo